Comment ça se passe concrètement avec un âne?

Avant de partir, on se rencontre.
Pas toi et moi : toi et lui.

On t’explique le licol, le nœud magique qui ne se desserre jamais,
où poser les sacoches pour ne pas chatouiller sa colonne,
comment lire ses oreilles —
et comment écouter son silence.

Au début, tout le monde se jauge.
Tu tires un peu trop fort, il freine.
Tu accélères, il te demande :
« Pourquoi tant de vitesse ? On va où, là ? »

C’est un dialogue sans mots.
Tu proposes.
Il répond.
Parfois, il ne répond pas.
Et c’est là que ça devient intéressant.

Il y aura une pente où il dira non.
Le sac un peu bancal qui change son humeur.
L’enfant qui rigole trop fort et le distrait.
La pause qui devient réunion de famille :
« Qui garde le calme ? Qui montre l’exemple ? »

Puis un moment arrive —
toujours discret, toujours inattendu —
où vous vous comprenez.

Son pas trouve le tien.
La longe se détend.
Tu es devant, il suit…
ou l’inverse.
Peu importe : vous avancez ensemble.